Le président Obama, si populaire dans le monde, peut-il être perçu
comme le porte-parole d'une gauche européenne progressiste ? Bien sûr
sa politique économique ne tombe pas dans les travers du néolibéralisme
cher à l'équipe de George W. Bush et personne n'oserait suggérer que sa
politique sociale s'identifie à celle de John McCain. Toutefois, le
positionnement du parti démocrate sur l'échiquier politique n'est pas
transposable en Europe. En témoigne le soutien majoritaire de Wall
Street au candidat démocrate.
Guy Spitaels entend avant tout resituer le débat au niveau
international. Pour lui, les deux candidats voulaient l'un comme
l'autre maintenir la domination mondiale des États-Unis, leurs
différences se marquant essentiellement au niveau de la tactique,
unilatéraliste chez McCain et plutôt multilatéraliste chez Obama. Selon
ses propres dires, le 44e président des États-Unis entend jouer le rôle
de shérif du monde.
Par ailleurs, si la crise économique occupe le centre des
préoccupations actuelles, les enjeux géopolitiques n'en demeurent pas
moins. Le programme
nucléaire iranien se poursuit allègrement, l'Irak n'est apaisé qu'en
apparence
et le binôme Afghanistan-Pakistan se révèle plus inquiétant que jamais.
Or, ce grand Moyen-Orient, dont on n'oubliera pas le conflit
israélo-palestinien, reviendra nécessairement en force. De plus, la
Russie a retrouvé ses couleurs d'antan tandis que la Chine multiplie
ses succès.
Face à ces défis, le président Obama, sous l'emprise d'intérêts privés
et publics qui l'entourent, saura, convaincu du destin exceptionnel des
États- Unis et hostile donc à la multipolarité, intervenir en guerrier.
À l'instar de tous ses prédécesseurs.
Guy Spitaels est ministre d'État et professeur honoraire à l'Université
libre de Bruxelles. Dans le domaine des relations internationales, il
fut président de l'Union des partis socialistes européens et professeur
au collège d'Europe à Bruges. Il est aussi président d'honneur de
l'Internationale socialiste et membre du Conseil d'administration de
l'Institut des relations internationales.
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