La thèse centrale de ce vaste essai pourrait être ainsi résumée : le
dérèglement du monde tient moins à la 'guerre des civilisations' qu'à
l'épuisement simultané des civilisations, l'humanité ayant atteint en
quelque sorte son 'seuil d'incompétence morale'. A l'âge des clivages
idéologiques qui suscitait le débat succède celui des clivages
identitaires, où il n'y a plus de débat. Islam et Occident : les deux
discours ont leur cohérence théorique, mais chacun, dans la pratique,
trahit ses propres idéaux. L'Occident est infidèle à ses propres
valeurs, ce qui la disqualifie auprès des peuples qu'il prétend
acculturer à la démocratie. Le monde arabo-musulman n'a plus ni la
légitimité généalogique ni la légitimité patriotique autour desquelles
il s'était historiquement structuré. Vivant dans l'humiliation et la
nostalgie régressive de son 'Age d'or', l'ère des islamismes ayant
succédé à l'ère des nationalismes, il se trouve condamné à une fuite en
avant dans le radicalisme. Ces 'dérèglements symétriques' ne sont qu'un
des éléments d'un dérèglement planétaire plus global qui exige que
l'humanité se rassemble pour faire face à des urgences qui, à l'exemple
des perturbations climatiques, menacent tous les peuples. Et si la
Préhistoire de l'humanité prenait fin sous nos yeux, ouvrant dans les
convulsions le grand chapitre d'une nouvelle Histoire de l'homme qui
commence ?
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