« Le désir de vivre », c’est une des traductions possibles du disque d’Iggy Pop sorti en 1977, Lust for life, et dont la pochette sert de modèle à ce nouvel album de Nine Antico.Qu’est-ce qui pousse à sortir en soirée, avec ou sans les copines, avec ou sans alcool, en terrain plus ou moins connu ? Qu’est-ce qui pousse à danser, à chanter, à faire l’amour ? Si ce n’est cet impérieux désir de vivre…Pauline et ses copines sont en plein dedans. Elles sont jeunes, plutôt jolies, plutôt futées. Dans cet album, qui raconte heure par heure six soirées différentes, Nine Antico offre un aperçu très juste de la vie d’une jeune femme, de ce qui leur passe par la tête et dans le cœur. Un album original autant qu’universel.
Quelque part dans le sud, en été, un petit groupe d’amis – deux couples, deux enfants et un moniteur – part en expédition en pleine nature, pour une grande journée de canyoning. L’isolement, le dépaysement et le frisson du danger vont servir de révélateur. Chacun, au fil de cette longue journée pleine d’imprévus, va se retrouver seul, confronté en silence à ses interrogations les plus intimes. Ainsi Juliette, la narratrice, qui perçoit bientôt cette journée particulière comme une sorte d’épreuve du feu pour le couple qu’elle forme avec Luis. Comment dépasser le sentiment d’immobilisme et d’attente qui imprègne leur relation, et qui lui est devenu presque insupportable ? Cette belle journée d’été n’est-elle pas, finalement, l’épilogue de leur histoire d’amour ?
Unité de temps, de lieu, d’action, ce récit tout simple en apparence surprend et séduit à la fois par son ton, intime et sensible, et par sa forme, très picturale et spectaculairement colorée. Le premier album plein d’originalité d’une jeune dessinatrice au talent très affirmé.
Deuxième Génération n’est pas un règlement de comptes avec un père ni avec l’histoire. C’est une tentative pour expliquer une enfance dans l’ombre de la Shoah. Michel Kichka, à travers des anecdotes formidables et des souvenirs aussi tragiques que précis, retisse la toile familiale de cette maison installée au cœur de la Belgique industrielle. Récit autobiographique d’une vie qui porte la douleur des siens, mais qui mesure l’urgence de s’occuper de ses besoins : celui de partir à l’âge de dix-huit ans, selon l’auteur, sur une « terre vivante ».
« Tu n’avais pas le droit de vivre, tu n’avais pas le droit de nous donner la vie, cette vie, je n’en veux pas, elle est un cauchemar, une honte indélébile. Tu n’avais pas le droit de fuir, papa. Je dois assumer à ta place, je vais payer pour toi, papa. » Soit deux frères - les narrateurs du roman -, Rachel et Malrich, nés en Algérie, de mère algérienne et de père allemand, qui ont été confiés à un oncle, en France, dans une cité de la banlieue parisienne. Avec eux, ils emportent l’espoir d’une vie meilleure. Ils ne connaissent rien de leur langue, de leur histoire et de leur famille. Rachel, l’aîné, a fait des études supérieures et a obtenu un poste de cadre dans une multinationale : il est l’exemple même de l’intégration. A dix-sept ans, Malrich est un vrai gamin de la cité qui ne se préoccupe guère de son avenir : c’est sa manière en lui de s’enraciner. Lorsque commence le roman, Rachel vient de se suicider. Malrich découvre le journal de son frère, et avec lui une autre tragédie : en 1994, le GIA a massacré une partie de la population du village d’Aïn Deb, près de Sétif. Leurs parents ont été au nombre des victimes. Malrich, qui cherche à comprendre, décide de mener l’enquête et va affronter une nouvelle révélation : son père, le très respecté moudjahid local, était un ancien nazi qui a œuvré dans les camps de la mort. Il se met à son tour à écrire. Au désespoir de son frère, il oppose sa révolte… Boualem Sansal relie deux guerres, celle de 1939 et celle de l’Algérie des années 90. Il propose une réflexion grave sur les abominations des hommes et l’extermination de masse, et dénonce avec brio les fanatismes religieux et politiques dont l’humanité reste victime aujourd’hui.