Dickens le considère comme son meilleur roman ; pourtant, le livre, bien qu’offrant de multiples rebondissements, ne connaît pas la grande faveur du public comme ses précédents ouvrages ; aussi, pour relancer les ventes mensuelles, est-il conduit à en modifier l’intrigue de façon spectaculaire. Pour cela, il expédie son jeune protagoniste, Martin Chuzzlewit, en Amérique, pays qu’il connaît pour l’avoir visité l’année précédente, séjour ayant d’ailleurs conduit à la publication de ses Notes américaines (American Notes) en 1842.
Cet épisode offre à sa verve satirique une nouvelle cible de choix, et Dickens brosse de ce pays une image de contrée perdue et malsaine où seuls surnagent quelques agrégats de grossière civilisation, îlots inhospitaliers que hantent des cohortes de camelots et charlatans de tout poil aussi roublards qu’imaginatifs
La " Grande Transformation ", Polanyi le montre, c'est ce qui est arrivé au monde à travers la grande crise économique et politique des années 1930-1945 : la mort du libéralisme économique. Apparu un siècle plus tôt avec la révolution industrielle, ce libéralisme était une puissante innovation du monde occidental, un cas unique dans l'histoire de l'humanité : jusque-là élément secondaire de la vie économique, le marché s'était rendu indépendant des autres fonctions et posé en élément autorégulateur. L'innovation consistait essentiellement en un mode de pensée. Pour la première fois, on se représentait une sorte particulière de phénomènes sociaux, les phénomènes économiques, comme séparés et constituant à eux seuls un système distinct auquel tout le reste du social - à commencer par la terre, le travail et l'argent - devait être soumis. On avait désocialisé l'économie; la grande crise des années trente imposa au monde une resocialisation de l'économie. Cette analyse du marché comme institution non naturelle suscite désormais un véritable regain d'intérêt dans un monde globalisé où le néolibéralisme est à son tour entré dans une crise dont on attend qu'il en résulte une nouvelle " grande transformation. "
Le dernier quart de siècle sonnant, Mary Ann gagne San Francisco, où la libération sexuelle s'affiche en couleurs outrancières. Elle choisit d'être logée par Mme Madrigal, dans un refuge où se côtoient amicalement des "chats errants" de toutes origines. C'est le début d'une saga. Véritable phénomène depuis leur parution en 1976 sous forme de feuilleton, ces chroniques locales sont aujourd'hui traduites dans toutes les langues. Outre leur côté dépaysant, leur charme universel réside peut-être dans leurs personnages abandonnés, venus dans la ville libre trouver une famille différente, fondée sur des liens nouveaux.
Ils sont tous nés le 11 septembre 2001. Il ne leur reste guère plus d’un an à vivre. Ils parlent tous une langue oubliée. Leur sort est lié au Grand Secret, un secret terrifiant qui remonte à l’aube du monde. Et seul un enfant du premier matin, un enfant du renouveau pourra lever cette malédiction… Seul un enfant du premier matin pourra mettre fin au Grand Secret…
Valentin serait un enfant comme les autres s’il n’était hanté par de terribles cauchemars. Parfois même, prémonitoires. Depuis la mort de son père, les nuits du petit garçon sont devenues un enfer. Valentin est atteint d’un rare syndrome, qui semble n’affecter que les enfants nés le 11 septembre 2001. Dernière lueur d’espoir pour Lucie, sa mère : une clinique spécialisée américaine. Mais là-bas, dans le Wisconsin, les mystères se succèdent : pourquoi Valentin semble-t-il déjà connaître les autres petits malades ? Pourquoi parlent-ils entre eux une langue oubliée de tous ?... Avec la disparition des enfants, les pièces d’un effrayant puzzle se mettent en place. Le Grand Secret va-t-il enfin être dévoilé ? Valentin serait-il celui qui peut lever, après des millénaires, une antique malédiction ?
De la Provence au Vatican, des enchantements de Brocéliande aux énigmes de Nazca, un époustouflant thriller initiatique où l’auteur des Derniers jours de Paris mêle avec son talent habituel fantastique, occultisme et grands mythes fondateurs de l’humanité.
Nicolas d’Estienne d’Orves a 37 ans. Journaliste et écrivain, il est notamment l’auteur des Derniers jours de Paris et des Orphelins du Mal, vendu à plus de 200 000 exemplaires dans le monde.
Bienvenue au Custer Hill Club, lieu de villégiature luxueux qui, officiellement, rassemble pour d'innocentes parties de chasse et de pêche ce que l'Amérique compte d'hommes puissants. Lors de réunions qui n'ont pourtant rien de bucolique, les membres du club, nostalgiques de la guerre froide, regrettent l'époque bénie où la destruction mutuelle assurée présidait au maintien de l'équilibre de la planète. Avec les moyens faramineux qui sont les leurs, ces magnats de l'industrie, généraux de réserve et ministres en exercice élaborent un plan de représailles pour venger les attentats du 11 septembre 2001 : l'Opération Wild Fire. Et ces Docteurs Folamour du XXIe siècle de tramer l'holocauste nucléaire de deux métropoles américaines, lequel, imputé aux terroristes islamistes, entraînerait une riposte inévitable qui rayerait de la carte tout le monde arabo-musulman. Comment l'agent spécial John Corey peut-il empêcher d'appuyer sur le bouton ?
Le monde a tellement changé que les jeunes se doivent de tout réinventer ! Pour Michel Serres, un nouvel humain est né, il le baptise « Petite Poucette », notamment pour sa capacité à envoyer des messages avec son pouce. Nos sociétés occidentales ont déjà vécu deux révolutions : le passage de l’oral à l’écrit, puis de l’écrit à l’imprimé. Comme chacune des précédentes, la troisième, - le passage aux nouvelles technologies - tout aussi majeure, s’accompagne de mutations politiques, sociales et cognitives. Ce sont des périodes de crises. Devant ces métamorphoses, suspendons notre jugement. Ni progrès, ni catastrophe, ni bien ni mal, c’est la réalité et il faut faire avec. Petite Poucette va devoir réinventer une manière de vivre ensemble, des institutions, une manière d’être et de connaître… mais il faut lui faire confiance ! L’AUTEUR Professeur à Stanford University, membre de l’Académie française, Michel Serres est l’auteur de nombreux essais philosophiques et d’histoire des sciences, dont les derniers, Temps des crises et Musique ont été largement salués par la presse. Il est l’un des rares philosophes contemporains à proposer une vision du monde qui associe les sciences et la culture. Ses chroniques sur « France info » sont très écoutées et lui ouvrent un plus large public.
Kamal Jann, Syrien de 40 ans, avocat d’affaires à Manhattan, est un mystère. Sa réussite professionnelle recouvre son drame : son oncle, chef des services de renseignements syrien, homme redoutable et redouté, a fait tuer ses parents quand il avait 12 ans, mais il a aussi financé ses études à New York. Quand, début septembre 2010, la CIA l’avertit que son frère djihadiste, resté en Syrie, va commettre un attentat terroriste à Paris, Jann comprend qu’il va devoir cette fois s’engager dans la toile d’araignée des services secrets occidentaux pour faire tomber son oncle et le pouvoir syrien. Un roman puissant et sombre. Entre Damas, Beyrouth, New York ou Paris, une mosaïque de personnages liés par des relations ambiguës où le pouvoir, le désir, la manipulation, la survie poussent leurs pions sur un échiquier dément et sanglant. Une chorégraphie puissamment orchestrée où violence, trahison, peur, lâcheté, mensonge et corruption rendent impossible le moindre règlement politique au Moyen-Orient tant que les dictateurs en place serviront les intérêts de tous ceux qui ont le pouvoir en ce monde. Kamal Jann est le produit de ces interactions, de cette schizophrénie arabe, de cette conscience éclatée, pour qui l’appartenance au clan, la révolte et la liberté sont incompatibles. Née à Beyrouth en 1953, Dominique Eddé est romancière, essayiste. Intellectuelle engagée, elle participe à de nombreux débats sur le Moyen Orient et vit entre France, Liban et Turquie. Dernier ouvrage, Le crime de Jean Genet (Seuil, 2007).
L'ouvrage lui a été demandé avec insistance par l'abbé Séguin, son confesseur. Il retrace en quatre livres la jeunesse mondaine, la maturité austère et la vieillesse d'un religieux du XVIIIème siècle qui bouleversé par la mort d'une femme aimée s'est converti à 37 ans puis retiré à La Trappe, et qui par son apostolat, sut restaurer dans son monastère la plus stricte observance de la règle. Chateaubriand retrouve, à chaque étape de cette existence, une image de sa propre vie : mêmes rêves d'aventures, même expérience de la douleur, mêmes remords, même désir de conversion. La pensée de la mort hante l'ouvrage comme elle hante Chateaubriand vieillissant. Trop peu minutieux sur le plan historique, il parlait autant de l'auteur que de Rancé. Égrenant les confidences et les souvenirs, ressuscitant trop bien les prestiges et l'esprit du Grand Siècle, l'ouvrage est effectivement plus d'un conteur que d'un pénitent, et c'est là son charme. Mais on a tort de le croire d'un vieillard épuisé qui jette en désordre ses dernières pensées. Fidèle à sa méthode consistant à regarder le passé pour comprendre le présent et y lire l'avenir, Chateaubriand tente une ultime confrontation de son temps avec le XVème siècle. Le parallèle entre Louis XIV et Napoléon s'affine, les comparaisons abondent, les jugements se font plus tranchés que jamais. Le portrait du Cardinal de Retz, « vieil acrobate mitré, prétendu homme d'État [qui] ne fut qu'un homme de trouble », est un prétexte pour satisfaire une vieille rancoeur contre Talleyrand. Le monde moderne n'est pas toujours inférieur au siècle de Louis XIV « nous n'allons pas à la cheville de ces gens-là », néanmoins Madame Sand l'emporte sur Mademoiselle de Scudéry ; mais hélas, « [elle] fait descendre sur l'abîme son talent », et « l'insulte à la rectitude de la vie ne saurait aller plus loin ». La nostalgie du temps passé, si elle existe ici, puise dans le dégoût du monde moderne. Des images étonnantes surgissent, et créent un univers fantastique : les surréalistes se l'approprieront. « La vieillesse est une voyageuse de nuit : la terre lui est cachée ; elle ne découvre plus que le ciel. ». La Révolution est une « piscine de sang où se lavèrent les immoralités qui avaient souillé la France ». Par-delà son époque, c'est encore la vie que contemple et juge le vieil écrivain. Des leitmotive des Mémoires sont repris : l'amertume de survivre, la fausseté de l'amour, la vanité du bonheur -ce qui n'empêche pas le souvenir nostalgique des jours heureux et des femmes aimées de passer parfois dans ces pages.
Deuxième Génération n’est pas un règlement de comptes avec un père ni avec l’histoire. C’est une tentative pour expliquer une enfance dans l’ombre de la Shoah. Michel Kichka, à travers des anecdotes formidables et des souvenirs aussi tragiques que précis, retisse la toile familiale de cette maison installée au cœur de la Belgique industrielle. Récit autobiographique d’une vie qui porte la douleur des siens, mais qui mesure l’urgence de s’occuper de ses besoins : celui de partir à l’âge de dix-huit ans, selon l’auteur, sur une « terre vivante ».
Après les livres de Michel Guérard, Jean et Pierre Troisgros, Roger Vergé et Alain Chapel, voici La cuisine spontanée de Fredy Girardet. La collection des " Recettes originales de... " dirigée par Claude Lebey, traduite en douze langues, est reconnue dans le monde entier comme la somme de la cuisine moderne française. Il était normal d'y accueillir Fredy Girardet, l'un des plus grands cuisiniers de notre époque. On y trouvera plus de cent cinquante recettes, merveilles d'imagination dans les mélanges de saveurs toujours d'une harmonie parfaite. Les explications très claires et précises en rendent aisée la réalisation.
Dans ce récit burlesque et énorme, la vraisemblance non plus que la psychologie n'ont droit de cité. Ce qui compte, c'est la logique absurde d'une situation folingue. Wilt met en boîte (de pâté pour chien ?) les valeurs d'une bourgeoisie à la dérive : l'argent, le sexe, la liberté des mœurs, le pouvoir par le savoir, l'épanouissement par les loisirs. Tom Sharpe est un moraliste violemment drôle, salubrement grossier et épatamment tonique, dont la charge bouffonne a le pouvoir de dessillement réservé aux grands caricaturistes.