Mot de l'éditeur :
Lettre d'une inconnue
« C’est depuis cette seconde que je t’ai aimé. Je sais que les femmes t’ont souvent dit ce mot, à toi leur enfant gâté. Mais crois-moi, personne ne t’a aimé aussi fort – comme une esclave, comme un chien –, avec autant de dévouement que cet être que j’étais alors et que pour toi je suis restée. Rien sur la terre ne ressemble à l’amour inaperçu d’une enfant retirée dans l’ombre ; cet amour est si désintéressé, si humble, si soumis, si attentif et si passionné que jamais il ne pourra être égalé par l’amour, fait de désir, et, malgré tout, exigeant, d’une femme épanouie. »
Un amour total, passionnel, désintéressé, tapi dans l’ombre, n’attendant rien en retour que de pouvoir le confesser. Une blessure vive, la perte d’un enfant, symbole de cet amour que le temps n’a su effacer ni entamer. L’être aimé objet d’une admiration infinie mais lucide. Une déclaration fanatique, fiévreuse, pleine de tendresse et de folie. La voix d’une femme qui se meurt doucement, sans s’apitoyer sur elle-même, tout entière tournée vers celui qu’elle admire plus que tout. La voix d’une femme qui s’est donnée tout entière à un homme, qui jamais ne l’a reconnue.
Avec Lettre d’une inconnue, Stefan Zweig pousse plus loin encore l’analyse du sentiment amoureux et de ses ravages, en nous offrant un cri déchirant d’une profonde humanité. Ici nulle confusion des sentiments : la passion est absolue, sans concession, si pure qu’elle touche au sublime.
Le magicien de Lublin
Yasha Mazur est magicien : il avale des épées ou du feu, sait marcher sur une corde raide, forcer des serrures compliquées. Il passe donc la majorité de son temps sur les routes pour gagner sa vie, délaissant Esther, sa fidèle épouse depuis plus de vingt ans. Yasha se fait remarquer dans son village, Lublin, ce n’est pas grâce à ses talents. Il ne s’inquiète guère de garder la barbe longue ou de suivre les rites et fréquente plus volontiers les bars et les voleurs que les synagogues sans pour autant renier Dieu. Mais Yasha possède un tout autre talent : il plaît aux femmes qui le lui rendent bien, et plus particulièrement à Émilia, jeune veuve de Varsovie qui ne lui pose qu’une toute petite condition pour se donner à lui : se convertir. Être juif ou chrétien, qu’importe ? Il ne reste plus qu’à trouver de l’argent pour s’enfuir en Italie et refaire sa vie. Mais de l’argent, il n’y en a que dans les coffre-forts, si faciles à ouvrir pour notre magicien. Que trouvera-t-il à l’intérieur ?